Communiqué de presse
Face à la crise planétaire, le littering de la planète ou la manière de faire de celle-
Dès les années 1960, les artistes du Nouveau Réalisme et du Junk Art (dont Jean Tinguely) ont recouru aux rebuts et à la ferraille pour refléter à travers leurs œuvres le passage socio-
Les pratiques artistiques et discours contemporains interrogent les conditions écologiques, géologiques et mondiales dissimulées et réprimées de notre consommation. Dans la perception du public, la microdimension invisible des déchets est devenue un véritable sujet. L’omniprésence de cette forme de déchets dans l’air, dans les sols, dans l’eau, dans la glace et chez les êtres vivants – et ce même dans des zones jamais foulées par l’homme – a durablement modifié notre représentation de la nature. À l’heure actuelle, des artistes se consacrent aussi de plus en plus aux déplacements territoriaux du waste le long des géographies coloniales, mettant en avant les aspects aussi bien de la globalisation que de la géologie. Cette importante notion « géosphérique » s’inscrit aussi dans une réflexion sur les dimensions écologiques de l’extraction des matières premières, et notamment de l’exploitation minière.
Il traite du déplacement territorial du waste le long des géographies coloniales, lesquelles englobent l’exportation des déchets mais aussi la surcharge de l’extraction de matières premières dans les structures d’exploitation néocoloniales. L’accent est mis ici sur les dispositifs de communication électronique ainsi que sur les métaux et terres rares nécessaires à leur production.
L’élimination des déchets est une industrie aujourd’hui hautement automatisée. Les installations modernes de gestion des déchets sont structurées de manière à dissocier les déchets de la société. Les déchets et leur « élimination » doivent rester le plus invisibles possible. En même temps, le travail physique associé au nettoyage et au contact avec ce qui est « éliminé » est étroitement lié à la hiérarchisation sociale, à l’exclusion, voire à la stigmatisation. Cette composante sociale, qui touche également aux origines et à des assignations genrées, constitue un deuxième champ thématique de l’exposition.
D’autres œuvres exposées traitent de la pollution de l’air et de l’eau ou des océans. Elles rendent également visibles les microdimensions de ce qui reste, invisibles au premier coup d’œil, et en finissent avec la notion romantique, encore prédominante, d’une nature intacte. Notre waste imprègne déjà toute l’écosphère.
Les Territories of Waste, pris littéralement comme des zones dévastées, des friches artificielles, des régions de guerre et de catastrophe, constituent le quatrième domaine thématique de l’exposition. Les traces de notre ère industrialisée et nucléaire ont fini par s’inscrire dans les paysages. Le wasteland s’entend comme des terres stériles d’une part, comme des terres en jachère et inutilisées d’autre part, et renferme donc cette double signification de perte et de potentiel.
Dans un autre domaine, l’exposition franchit les territoires physiques et géologiques pour explorer les notions de déchets et de nettoyage dans la sphère numérique. Qu’advient-
Les notions de compost, humus et cohabitation sociale permettent d’aborder le potentiel de « tout le reste et ce qui reste » comme de nouvelles manières de penser et de vivre, mais aussi comme de nouvelles alliances. En ce sens, les œuvres présentées ici relient et recoupent les domaines de la nature et de la culture, ainsi que ceux de l’humain et de l’environnement.
Les Artistes: Arman, Helène Aylon, Lothar Baumgarten, Anca Benera & Arnold Estefán, Joseph Beuys, Rudy Burckhardt, Carolina Caycedo, Revital Cohen & Tuur Van Balen, Julien Creuzet, Agnes Denes, Douglas Dunn, Julian Aaron Flavin, Nicolás García Uriburu, Hans Haacke, Eric Hattan, Eloise Hawser, Fabienne Hess, Barbara Klemm, Max Leiß, Diana Lelonek, Jean-
Commissaire de l'exposition : Dr. Sandra Beate Reimann.
Hira Nabi, «All That Perishes at the Edge of Land», 2019 (Filmstill); Film, Farbe, Ton, 30 min; Courtesy the artist © Hira Nabi
Exposition du 14 septembre 2022 au 08 janvier 2023. Museum Tinguely, Paul Sacher-
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