Dans son travail artistique, Sammy Baloji enquête sur l'histoire minière de sa ville natale de Lubumbashi, située au sud-est de la République démocratique du Congo. Il oppose la profonde destruction de l’environnement et des structures sociales aux souvenirs et aux espoirs des habitants de la région du Katanga. Les éléments clés de sa pratique artistique consistent à encourager la collaboration entre les producteurs d’art, les activistes et les universitaires, ainsi qu’à rassembler de nombreux types différents de connaissances et de production. Son invitation à 12 artistes tant en République démocratique du Congo qu'en Europe avec lesquels il interagit régulièrement s'inscrit dans la continuité de ce développement de structures collectives qu'il envisage comme une stratégie de résistance à l'extractivisme, un modèle économique qui réduit les environnements et les humains à l'état brut, comme des matériaux qui peuvent être traités sans tenir compte des conséquences locales.
L’exposition se déroule selon trois volets thématiques directement liés aux œuvres de Sammy Baloji de ces dernières années ainsi qu’à ses recherches actuelles. « Expropriation des terres et transformation de la terre en matières premières » provient de la documentation artistique de Baloji sur les carrières de la région du Katanga, qui transforment la terre en produits et considèrent les sociétés comme un simple réservoir de main-d'œuvre potentielle. Un autre rôle central dans l'œuvre de Baloji est joué par son enquête critique sur les archives coloniales : au-delà des représentations dégradantes et des assignations ethnographiques qu'elles provoquent, Sammy Baloji recherche les traces des pratiques et des expériences historiques que les habitants de la région ont conçues et transmises lors des changements radicaux que leurs sociétés ont subis. Cette « confrontation avec les archives coloniales et leurs continuités » constitue le deuxième volet thématique de l’exposition. Dans une série d’œuvres qui constituent le troisième volet, des héritages narratifs et picturaux précaires sont réinterprétés et appropriés. Tel celui du Kasala, un poème oral du peuple Luba qui célèbre l’histoire d’une personne ou d’une communauté en associant des éléments généalogiques et biographiques avec des mythes et des récits sur l’ordre cosmique du monde – « Transmission par Transformation ».
Dans leur ensemble, les artistes représentés dans l'exposition continuent de développer de nouvelles formes et coopérations pour résister à l'impact de l'extractivisme. Ils restaurent les chaînes interrompues de la connaissance, mettent en lumière les conséquences du comportement mondial des consommateurs et de la maximisation du profit économique, et placent l’humain au centre de la scène. Le caractère polyphonique de l'exposition poursuit le travail de longue date des artistes et producteurs d'art du cercle construit autour de Sammy Baloji pour développer des structures collectives à Lubumbashi. A son coeur se trouve Picha, le centre indépendant d'art et de recherche, une plateforme peuplée d'artistes congolais qui organise entre autres la Biennale de Lubumbashi. Les œuvres exposées à la Kunsthalle Mainz ont été développées par les artistes dans le cadre de ces structures (Picha et la Biennale de Lubumbashi) ou en collaboration avec Framer Framed Amsterdam ainsi que pour le projet de recherche Reconnecting « Objects » et sont exposées en Allemagne pour le première fois.
Avec Sammy Baloji, Nilla Banguna, Jackson Bukasa & Dan Kayeye & Justice Kasongo, Sybil Coovi Handemagnon, Fundi Mwamba Gustave & Antje Van Wichelen, Franck Moka, Hadassa Ngamba, Isaac Sahani Dato, Georges Senga, Julia Tröscher
Exposition construite sur un concept de Lotte Arndt & Sammy Baloji, co-organisée par Lotte Arndt, Yasmin Afschar et Marlène Harles, en collaboration avec Picha, Lubumbashi, Framer Framed, Amsterdam et Reconnecting « Objects » (Technische Universität Berlin).
L'exposition à la Kunsthalle Mainz est soutenue par Kultursommer Rheinland-Pfalz, Wallonie-Bruxelles International (WBI), kiosk Vlaanderen, les Bureaux des Arts Plastiques de l'Institut français et le Royaume des Pays-Bas.
Exposition du 27 octobre 2023 au 11 février 2024. Kunsthalle de Mayence, Am Zollhafen 3-5 - 55118 Mayence (Allemagne). T +49 6131 126936. Ouverture du mardi au vendredi de 10h à 18h, mercredi de 10h à 21h, samedi et dimanche de 11h à 18h.