Dans le cadre de l’action Nouveaux commanditaires initiée par la Fondation de France, accompagné des habitants du village de Grancey-le-Château et sous l’impulsion de Patrick Berger, Le Consortium-Land a invité Aristide Antonas (Grèce) et Junya Ishigami (Japon) à imaginer des architectures basées sur les relations entre l'homme et l'animal, sous différents angles.
L’orientation éthologique, discipline scientifique qui vise à étudier le comportement des espèces, y compris humaines, est au cœur du développement du site de Grancey-le-Château. Ce modèle expérimental est proposé pour définir - au long terme, en France et ailleurs - de futurs projets de logements pour des géographies et territoires différenciés, périphériques. En 2021, Le Pavillon des Oiseaux de Patrick Berger, réfléchi et produit par Le Consortium-Land, constitue la première réalisation du site installée de manière pérenne à Grancey-le-Château, en parallèle de la présentation publique de son double à la Biennale d'Architecture de Venise.
Le Pavillon des Oiseaux : vivre ensemble dans un monde à la lisière
Avec Patrick Berger à Grancey-le-Château, Le Consortium-Land a imaginé les premières constructions à usage des animaux. Le Pavillon des Oiseaux à Venise est le double du premier édifice construit sur le site et qui a prédéterminé les autres invitations à construire sur la parcelle. Avec ce pavillon dédié aux oiseaux, Le Consortium-Land produit un signe manifeste du projet global de Grancey-le-Château.
Dès mai prochain à la Biennale d'Architecture 2021, le double du Pavillon des Oiseaux sera accompagné d’un court film offrant un regard sur la genèse et la philosophie du site éthologique de Grancey-le-Château, avec la participation de Vinciane Despret, philosophe des sciences.
"Le Pavillon pourrait être la demeure d’un oiseau mythique car sa construction est conçue comme une architecture animale. Sa fabrication assemble une structure métallique avec des branches d’arbre taillées à proximité. La dimension de ses branches est à l’échelle d’un enfant. Le volume du pavillon est entouré d’arbres dont les feuillages le frôlent. Le public pénètre par deux ouvertures en vis-à-vis et d’autres oiseaux, cette fois réels, font irruption ci et là pour construire leur propre nid. Ce pavillon prévu à l’origine à Collodi en Italie sera réalisé à Grancey-le-Château en Côte d’Or. Il inaugurera d’autres événements sur les relations culturelles et artistiques entre l’homme et le monde animal. Les « bords » entre l’anthropologie et l’éthologie seront explorés." — Patrick Berger, architecte du Pavillon des Oiseaux
"Certains auteurs disent qu’il y a une véritable co-évolution culturelle entre certains oiseaux et nous humains ; c’est à dire qu’ils ont souhaité vivre avec nous mais pas très proches de nous. Ces oiseaux veillent d’ailleurs à ce que cette distance soit toujours la même. On remarque finalement que beaucoup d’animaux souhaitent vivre parfois de manière assez proche des humains, dans les mêmes environnements parce que ces derniers leur apportent des bénéfices évidents mais à condition qu’une certaine distance soit respectée ne fusse que parce que nous sommes dangereux pour eux, ou qu’ils ne sont pas tranquilles quand on est trop près, et aussi parce que la question des zoonoses se pose justement quand la distance est réduite. Ainsi, la question est de savoir quelle est la bonne distance ? Mais on ne peut pas y répondre en général… La bonne distance, c’est vraiment au cas par cas avec l’espèce d’une part mais aussi avec certains individus de l’espèce donnée. (…) Pour beaucoup d’animaux, la bonne distance est celle à partir de laquelle fuir reste possible."
— Vinciane Despret, philosophe des sciences - extrait de « Grancey, A Film », 2021
Homme et animal, une relation de proximité à construire avec les architectes Aristide Antonas, Junya Ishigami et Patrick Berger
Grancey-le-Château est un village de 300 habitants au Nord de la Côte-d’Or sur le bord Est du plateau de Langres. En 2018, Le Consortium-Land a invité les architectes Aristide Antonas, Patrick Berger, Junya Ishigami à réfléchir aux enseignements tirés de l’architecture animale et la cohabitation entre humains et animaux. Grancey-le-Château est l’un des premiers sites architectural éthologique en devenir en France.
Le projet architectural et éthologique inédit de Grancey-le-Château est né du constat suivant : l'architecture peut être le vecteur d’une symbiose entre les espèces. Les architectes invités ont conçu des projets d'habitation pensés entre architecture animale et humaine ; soit en construisant à l'usage des animaux, soit en exploitant les leçons d'architecture animale au profit d'une relation égale entre les espèces.
L’étude des comportements animaux en ce qu’ils procurent des enseignements à nos propres usages a fondé l’ADN du site. La parcelle est une zone boisée, plate, puis par des ruptures de pente et des terrasses autrefois cultivées descend jusqu’à la route en contrebas. La nature végétale et animale y a repris les droits que l’homme lui avait contestés auparavant. Le site décrit ainsi une zone en bordure immédiate du village où la stratification humaine, végétale et animale caractérise un milieu complexe.
En Bourgogne, depuis de nombreuses années, Le Consortium - à l’initiative d’élus et d’habitants du village - a développé des commandes d’art public contemporain, et a acquis à Grancey-le-Château un terrain pour étudier et produire des projets où l’architecture et l’éthologie y trouvent une logique certaine. Un développement historique et pérenne, initié grâce à l’action Nouveaux commanditaires - soutenue par la Fondation de France - qui permet à tout citoyen, groupe constitué ou collectivité confronté à des enjeux de société ou de développement de territoire d’engager une commande artistique. Dans le cas présent, cette procédure a permis de lancer les études d’édifices architecturaux pour humains et animaux auprès d’Aristide Antonas, Patrick Berger et Junya Ishigami.
Après les premières constructions à l’usage des animaux conçues par Patrick Berger, Aristide Antonas et Junya Ishigami ont imaginé des constructions à l’usage des humains :
- The Corridor House d'Aristide Antonas, inspirée par les comportements et modes d’organisation animale, est une maison conçue comme une galerie creusée par des fourmis d’une part et comme un nid d’oiseau d’autre part.
- A House as a Village de Junya Ishigami, une maison divisée en plusieurs unités dispersées au cœur d’un labyrinthe de rues étroites offrant de nouveaux modes de circulation et de porosité entre les espèces.
Le territoire devient un milieu unique à la recherche d’une symbiose entre l’humain et l’animal et d’une cohabitation pacifique entre les espèces que l’architecture permet.
Le Consortium-Land (Catherine Bonnotte, Franck Gautherot, Seungduk Kim et Géraldine Minet)
Le Consortium-Land est le département de recherche et d’expérimentation - architecture, societé et environnement du Consortium Museum. Créé en 1977, Le Consortium Museum est un centre d'art contemporain installé dans un bâtiment de 4000 m2 rénové par l’architecte japonais Shigeru Ban. Il a développé une maison d'édition (Les presses du réel), et une société de production cinématographique (Anna Sanders films). Le Consortium Museum établit avec les artistes un dialogue ininterrompu et prolongé, qui fait du Consortium un laboratoire exigeant et un lieu de débat esthétique dont l'exposition est le langage.
Tout au long de son histoire, le Consortium Museum a développé un savoir-faire particulier dans la conception et conduite de projets de grande ampleur dans les domaines de l'architecture, des arts visuels, du cinéma et de l'édition.