De ses premières propositions à la fin des années 1990 jusqu'à son travail le plus récent, l’artiste italienne Rosa Barba, qui vit et travaille en Allemagne, a tissé un réseau de sculptures, d'installations, de films et de livres d'artistes. Avec un traitement inhabituel du langage cinématographique et de ses composantes, l'artiste questionne notre réalité présente et notre manière d'occuper l'espace qui nous entoure, mentalement et physiquement. Elle propose également des débats ouverts sur ce qui reste à venir. L'artiste crée de nouveaux récits et des pièces spatiales dans lesquelles le temps lui-même est compris comme une sorte d'accumulation, plutôt que comme une progression linéaire. À l'occasion, le langage échappe à sa fonction sémiotique et se dirige vers l'abstraction, compliquant ainsi la façon dont l'œuvre est lue et entendue.
Exposition du 22 juin au 14 octobre 2018. Tabakalera , International Centre for Contemporary Culture Andre Zigarrogileak Plaza, 1 - 20012 Donostia / San Sebastián (Espagne). Tél.: +34 943 01 13 11.
Les paysages arides, qui s'étendent - principalement les déserts - et la relation entre le film et l'astronomie sont les points de départ de nombreuses pièces les plus remarquables de Barba. Les deux espaces, le désert et le cosmos, sont capables de préserver des documents concernant la relation entre les êtres humains et la nature et l'influence qu'ils ont exercé sur elle. Les déserts et l'astronomie partagent aussi autre chose: la rencontre entre technologies anciennes et nouvelles, un rapprochement provoqué par leur utilisation, comme dans les déserts, ou par le besoin de voir ce qui n'est pas en vue, comme c'est le cas de l'astronomie. Cette relation entre l'environnement-document et la machine, principalement la machine de vision, associé à une conception complexe du temps engendré par l'intemporalité de vastes espaces sans limites géographiques, permet à Barba de proposer des œuvres d'une nature énigmatique, des œuvres d'un certaine opacité qui aborde les transformations de la société et les façons changeantes dont nous nous y rattachons.
Ses travaux réalisés dans des observatoires astronomiques utilisent des plans terrestres reproduisant un mode de vision ancestral, ancré à la terre et intrinsèquement lié à un besoin de connaissance. C'est un regard lourd de questions. Cette façon de voir à travers deux machines de vision si différentes et pourtant si étroitement liés - le télescope et la caméra cinématographique - favorise la spéculation sur ce qui est hors de portée de l'œil humain. Dans le cas du télescope, ces choses éloignées peuvent être des formes de la nature comme les planètes ou les étoiles. Dans le cas de la caméra, il peut s'agir d'expériences liées au temps et aux relations entre le «je» et le monde. L'acte de voir dans ces œuvres entretient aussi une relation avec l'histoire, avec ce qui s'est passé. Cette histoire n'est pas celle des vestiges qui peuvent être tracés à travers le paysage, mais plutôt la connaissance et la fascination que le cosmos a suscité chez les scientifiques, les philosophes, les écrivains et les artistes.
Dans ce contexte, l'axe central du spectacle est la pièce Drawn by the Pulse (2018), produite pour cette occasion et dont elle tire son titre. Tourné à l'observatoire astronomique de Harvard, l’œuvre prend comme point de départ la recherche de Henrietta S. Leavitt (USA, 1868-1921) sur les propriétés des étoiles.