Archives 1er semestre 2015

Marcel Dinahet, Burning the Boats

Domo Baal, Londres (R.U.)

30.01 - 07.03.2015

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Le texte de Jean-Marc Huitorel, Rennes, le 5 décembre 2014


Sur la mer.


Un bateau en feu dérive sur une mer calme à la tombée flamboyante du jour. Malgré l'absence de repères d'échelle, on devine, au vigoureux ballottement auquel elle est soumise, qu'il s'agit d'une embarcation de modestes dimensions. C'est le temps du passage du jour à la nuit, quand la lumiére colorée du crépuscule cède au noir, dans le strict temps du tournage, un seul plan, sans montage, pas la moindre anecdote visuelle. Le bateau brûle de l'intérieur, sans que sa coque métallique ne cède aux assauts du feu.

Un bateau en feu dérive sur une mer calme à la tombée blafarde du jour. L'humble carcasse en bois se consume lentement jusqu'à rougeoyer de braises, une fois les flammes rabattues. Au fur et à mesure de sa combustion, on dirait un drakkar dont la proue relevée se dresse tel un cou de poulet déplumé. Selon le cadrage, tantôt le navire occupe une surface close sur elle–même, la mer; tantôt on aperçoit la ligne d'horizon, un cap dont l'extrémité dessine une oblique noire sur le paysage.


Depuis le début des années 1990, quand Marcel Dinahet soumettait sa sculpture à l'épreuve du temps par le moyen de la vidéo, et où il immergeait des objets qu'il allait filmer sous l'eau, il n'avait jamais plus eu recours à la fabrication d'artefacts tridimensionnels. Il fallut sans doute qu'un événement d'importance se dressât sur son chemin pour qu'il décide d'en concevoir de nouveaux. Ses premières sculptures, d'abord façonnées puis réduites à de simples galets, instauraient la présence, fût–elle inaccessible. Les bateaux qui brûlent se placent quant à eux dans la longue lignée des rituels, intemporels aussi bien que fichés dans l'existence spécifique des hommes. Et ce galet qu'il plaçait dans l'immortalité des fonds marins ou lacustres, voici qu'il l'éprouve à nouveau quoique sous forme humaine, une imbrication de trois corps de danseurs dont la compacité lente roule sur un plancher immense comme la mer, avant de disparaître peu à peu dans l'ombre du fond, tel un crépuscule dont la dimension temporelle revêtirait à nouveau les emblèmes de l'espace.






















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Exposition du 30 janvier au 7 mars 2015. Domo Baal, 3 John Street - London WC1N 2ES (R.U.). Tél.: +44 20 72 42 96 04. Ouverture du jeudi au samedi de 12h à 18h et sur rendez-vous.







 





 











Communiqué de presse

Domo Baal présente la deuxième exposition personnelle de Marcel Dinahet dans sa galerie. L’artiste est né en 1943 dans le Finistère et a travaillé en tant que sculpteur depuis les années 1960. Il y a 30 ans sa pratique s’est tournée brusquement vers la vidéo. Son sujet: le littoral, l’intérieur et les abords des mers, les rivières, les sources, les ports, avec un intérêt à la fois pour les lieux et les personnes qui travaillent dans ces zones limites dans de nombreux sites dans le monde ainsi que les questions qui s’y rapportent. Le sujet de son travail est toujours aussi local et direct qu’il est en résonance mondial, aussi personnel qu’universel et politique. Sa méthodologie et son approche expriment le calme, la curiosité, le questionnement et la considération, jamais la confrontation. Ses vidéos, tout en paraissant de nature documentaire, sous-tendent une qualité de prise de notes et d’archives personnelles.

Le travail de Marcel Dinahet est largement exposé en France et intègre de nombreuses collections publiques. En 2013, il a été choisi dans le cadre de la célébration des 30 ans des Frac pour représenter le Frac Bretagne et assurer le commissariat de ses expositions et événements. En février 2015, il est invité pour une résidence à l’Alliance Française de Bogota, en Colombie, et en mars, sa vidéo Famagouste - Varosha sera présentée dans « La Mer au Milieu des Terres - Mare Medi Terraneum », exposition organisée par Cécile Bourne-Farrell au Museu Es Baluard, à La Palma, Majorque.

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Marcel Dinahet, Burning the Boats, Domobaal, Londres Artcatalyse International