Archives 1er semestre 2015

Fluide 2015, parcours d’art contemporain en terre médiévale

Thuin (Belgique)

20.06 - 20.09.2015

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Communiqué de presse


Perle du Val de Sambre, Thuin doit son charme aux traces de son passé médiéval, son beffroi, ses ruelles, ses Jardins Suspendus. Mené depuis 2006, Fluide est un parcours d’art public original et audacieux. Suscitant émotion, curiosité et réflexion, les œuvres exposées hors des lieux spécialisés ont marqué le territoire d’une empreinte significative. Suite à trois éditions convaincantes, l’équipe pérennise et renforce ce parcours d’art contemporain pour en faire une manifestation inédite et d’envergure internationale, dans le cadre de Mons 2015, Capitale européenne de la Culture. Afin de valoriser son patrimoine et de positionner la ville comme une destination touristique à part entière, Fluide devient une biennale dont chaque édition marquera la ville de manière permanente. Aux 14 œuvres pérennes de 2015 s’ajouteront d’autres œuvres tous les deux ans afin de transformer Thuin en un musée d’art contemporain à ciel ouvert.
































Exposition du 20 juin au 20 septembre 2015.  Espace public, Ville de Thuin (Belgique).

















 





 











Fluide 2015, parcours d’art contemporain en terre médiévale, Thuin

© ArtCatalyse International / Marika Prévosto 2015. Tous droits réservés

Fluide 2015 ne se veut pas une description mimétique du paysage mais une réflexion sur la ville, son passé, son folklore, son architecture exceptionnelle et ses espaces verts, mais aussi sa réalité urbaine et son développement urbanistique. Proposant un parcours accessible à pied, Fluide investit divers lieux de la ville (hypercentre historique, Jardins Suspendus, Bois du Grand Bon Dieu, Quartier des Bateliers, églises Notre-Dame du Val et du Mont-Carmel...).

Les 18 artistes sélectionnés, jeunes talents et artistes reconnus, étrangers et de la Fédération Wallonie-Bruxelles, ont ainsi parcouru la ville, entamé un dialogue avec l’environnement et envisagé Thuin comme un matériau. Particulièrement diversifiées, les interventions artistiques, pour la plupart monumentales et pérennes, abordent les notions de public et de privé, de traces et de disparitions, ainsi que les traditions populaires. Elles questionnent aussi les enjeux urbanistiques, commerciaux et touristiques de la ville.

Fluide, comme un fil continu entre le passé et le présent, entre la Ville Haute et la Ville Basse, entre les artistes et le public, invite également les habitants à se réapproprier la ville et à devenir des acteurs culturels. Fluide Citoyen, ce sont ainsi ainsi deux commissions destinées à réfléchir au réenchantement de Thuin et à la dynamisation des Jardins Suspendus. Dans le cadre de Fluide 2015, Fluide Citoyen s’illustre dans le parcours par trois projets : Photomaton ; Textile urbain ; Perles et Totems.


Quelques projets de l’édition 2015


Stephan Vee, Migration temporaire, rue Alphonse Liégeois

20 juin 2015 - 31 décembre 2030

Depuis plusieurs années, Stephan Vee travaille sur les parasites des villes : pissenlits, pigeons et souris, comme celles du logo qu’il a réalisé pour le Centre culturel de Thuin et que l’on retrouve un peu partout dans l’entité. Pour Fluide, l’artiste déploie une centaine de pigeons ramiers (la plus grande et la plus commune des espèces de pigeons européens) sur l’A.M.O. Utilisés pour leur mémoire et leur ténacité depuis l’Antiquité, les pigeons présents dans nos villes ont, aujourd’hui, perdu de leur aura et sont considérés, en raison des dégradations et de la prolifération de maladies qu’ils provoquent, comme un « fléau ». Si les pigeons posés par l’artiste ne roucoulent ni n’excrètent, leur nombre, leur parfaite similitude et l’orientation de leur corps, tous vers une même direction, les rendent menaçants. Les matériaux choisis par l’artiste (une résine très résistante recouverte d’une peinture aéronautique), la couleur grise métallique et le format, anormalement gros pour des pigeons, rendent grâce à la nature froide et impersonnelle des grandes villes. Stephan Vee joue de cette « poésie urbaine » où se confondent le naturel et l’artificiel. Il nous invite à réfléchir sur les lieux que nous habitons et questionne notre environnement urbain en constante évolution.


Société Volatile, Digitool, dans l'Eglise Notre-Dame du Mont Carmel

20 juin 2015 - 20 septembre 2015

Avant que n’arrivent les écrans LCD, les panneaux de leds et autres supports lumineux, l’écriture digitale était un véhicule moderne de communication que l’on retrouvait dans les lieux publics, gares, stades, etc. Si elle paraît aujourd’hui dépassée, voire rétro, le projet artistique Digitool entend lui redonner corps. Car derrière les changements de mode d’écriture – sténopé, morse, langage télégraphique ou, plus récemment, le SMS – pointe une histoire de la langue sous la contrainte du support ; langue qui vit, se code, se contracte en abréviations et se décode, comme autant de jeux oulipiens.

Pour Fluide, Arnaud Verley et Philémon Vanorlé installent, dans l’Eglise du Mont Carmel, une enseigne lumineuse digitale, de grande taille et de couleur rouge vif. Disposé en diagonale dans la nef, démesurément grand par rapport au lieu, le digitool présentera chaque semaine un mot, une expression, un écrit. Sans être provoquant, le mot qui habitera l’Eglise prendra un sens particulier dans ce contexte. S’agit-il d’une annonce publicitaire, d’une recommandation, d’une injonction ? Sommes-nous face à un dispositif profane, un outil de propagande, une installation sensée ou absurde ? Sacha Guitry aurait dit « Dieu lui-même croit à la publicité : il a mis des cloches dans les églises ». Rappelant que les religions sont, aussi, des entreprises communicantes.


Sara Conti, Messiah, Eglise Notre-Dame du Mont Carmel

20 juin 2015 - 31 décembre 2032

Habituée à réaliser des collages urbains (donc éphémères), Sara Conti conçoit, pour Fluide, une fresque émaillée représentant une vierge en majesté, enceinte et voluptueuse, sous les traits d’une Matriochka. Principalement utilisée comme support de communication et de publicité au milieu du 20ème siècle, la plaque émaillée est un matériau hyper résistant qui vient en contradiction avec le papier habituellement utilisé par l’artiste mais également avec sa technique de collage sauvage. La « figure-slogan » reste pourtant efficace… Mesurant près de 3 mètres de haut, la poupée est installée sur la façade arrière de l’église du Mont-Carmel, visible du Chant des Oiseaux et des Jardins Suspendus, telle une « Vierge-Prophète » érigée au sommet des églises ou hissée sur les hauteurs des sites naturels.

Comme beaucoup d’autres poupées de l’artiste avant elle (Pirata, Princesses-évêques ou encore Ciao Roma), la poupée de Thuin porte un nom d’ordinaire lié à la masculinité, Messiah, et recourt aux références de la culture judéo-chrétienne aisément identifiable par les occidentaux. L’artiste nous demande d’imaginer les changements de notre société si le Messie avait été une femme. Son message, féministe et émancipateur, favorise l’avènement d’une autre réalité et envisage la possibilité d’une autre histoire. Il est d’autant plus fort que l’église Notre-Dame de Carmes qui accueille la Matriochka fut érigée au nom de la Vierge Marie.


Olivier Kosta-Thiefaine, Herbarium. Le Viaduc

20 juin 2015 - 31 décembre 2032

A travers ses œuvres, Olivier Kosta-Théfaine cherche à faire ressortir la nature et la poésie qui se cachent dans la ville, s’inspirant des traces de réappropriation du végétal dans le béton, comme une fleur poussant dans les fissures d’un mur ou du lierre grimpant sur les façades des bâtiments. A Thuin, ce sont tout logiquement les fleurs et les plantes poussant sur les murs anciens des Jardins Suspendus qui ont attiré l’attention de l’artiste.

Pour Fluide, Olivier Kosta-Théfaine a donc souhaité transposer cette vision poétique à un non lieu. A un espace que les touristes ne voient pas, un espace oublié, un peu compliqué d’accès et jamais mentionné sur les supports promotionnels consacrés à la capitale de la Thudinie : le quartier de la gare. Ce lieu très urbain est une représentation forte de la ville contemporaine et ne peut rivaliser avec les joyaux touristiques de la Ville Haute ou même du Quartier des Bateliers. Isolant les noms savants de la flore sauvage poussant spécifiquement sur les murs des Jardins Suspendus, l’artiste recense, en suivant la méthode d’inventaire de l’herbier, une liste de fleurs sur les murs en béton tagués du viaduc où évidemment rien ne pousse. En écho aux graffitis, ces noms, reproduits en acier découpé, apparaissent austères, mystérieux, difficiles à comprendre. Contemporains, les matériaux utilisés s’inscrivent eux aussi dans une réalité ultra urbaine.


Ludovic Mennesson, L’Atoll. Les Jardins Suspendus, avenue de Ragnies

20 juin 2015 - 30 septembre 2015

L’Atoll est une installation paysagère qui se compose d’une nacelle à ciseaux sur laquelle sont savamment disposés différents arbres et plantes exotiques. La nacelle est positionnée en hauteur de manière à rendre ce « jardin » inaccessible et vient occuper l’espace d’une place de parking au pied du versant sud de l’éperon rocheux de Thuin. Cette installation se veut bien sûr un clin d’œil aux Jardins Suspendus de la ville mais aussi une réflexion plus globale sur l’accès à la propriété privée. Le jardin individuel, rêve inaccessible pour la plupart d’entre nous, se transforme ici en île déserte fantasmée (le mot « atoll » désigne une île corallienne des océans tropicaux). Pour ce projet, Ludovic Mennesson a travaillé en collaboration avec plusieurs habitants de Thuin passionnés de jardinage et de botanique. Ensemble, ils ont conçu cet espace vert, exotique et surréaliste en zone urbaine, ont veillé à son entretien et ont pensé l’intégration des arbres et plantes aux espaces verts de la ville une fois l’exposition Fluide 2015 terminée.


Djos Janssens, L’ombre n’a pas encore étendu son emprise sur nos espérances, Martinet

20 juin 2015 - 30 avril 2039

Situé en contrebas de la Place du Chapitre et offrant une vue exceptionnelle sur la vallée de la Sambre, le Martinet accueille la phrase « L’ombre n’a pas encore étendu son emprise sur nos espérances ». Longue de 17 mètres, l’intervention en néon led de Djos Janssens pour Fluide occupe l’espace avec force et transforme habilement la vision sur la ville moyenâgeuse et ses remparts tout en déstabilisant et désorientant le spectateur dès son entrée dans Thuin. En associant la phrase à un graphisme, un matériau et une gamme chromatique, Djos Janssens fait apparaître un déséquilibre entre apparence et réalité. Dispositif publicitaire et marchand détourné en dispositif narratif producteur de sens, le néon s’inscrit dans l’histoire de chacun, évoque la condition humaine, ses forces et ses faiblesses. La couleur jaune, référence au soleil qui égaye l’univers et porte la vie sur terre, apparaît en contre-sens de la phrase et de son emplacement sur le versant nord du rocher. Enfin, visible de jour comme de nuit, telle une métaphore du temps, cette affirmation rappelle la volonté originelle de la ville de se « protéger » et interroge ses défis et ses désirs d’avenir. A chacun de s’interroger sur ce qu’il voit et de décoder cette nouvelle construction symbolique dans le paysage de la ville.


John Cornu, Comme un gant. Place du Chapitre

20 juin 2015 - 31 décembre 2034

Pour Fluide, John Cornu est parti de l’existant, de l’histoire de Thuin, ancienne place forte s’étageant sur plusieurs plateaux et vallées que surplombe un beffroi classé au patrimoine mondial de l’Unesco. D’apparence et de facture abstraite, sa proposition Comme un gant relève de multiples sources et interprétations réelles et symboliques.

John Cornu a imaginé une pièce sculpturale documentaire basée sur l’idée de contrefort. Installée au centre de la place du Chapitre, sous le beffroi, elle est constituée de 8 monolithes en pierre de Hainaut positionnés en cercle. Créant une forme solaire ouverte, presque florale, ces contreforts universels évoquent un dispositif panoptique, offrant une vision à 360°. Présentés comme renversés au sol, ces contreforts n’apportent aucun soutien à aucun édifice. Ils évoquent une ruine ; celle d’une ancienne forteresse sur laquelle le paysage aurait repris ses droits. L’installation fonctionne également vue du haut du Beffroi, par le motif créé et la double fonction de surveillance et de défense de l’édifice. L’installation de John Cornu renvoie également au corps puisque le visiteur est invité à se déplacer entre les éléments. Regarder l’œuvre ne suffit pas. L’artiste cherche à créer un nouvel environnement mental autrement suggestif et veut « rendre l’expérience disponible » au spectateur qui devient acteur en réinterprétant ce qu’il voit.


Jérôme Considérant, Silverado, 2015 – Jardins Suspendus, clos des Zouaves

Reprenant différents symboles graphiques propres à Thuin, Jérôme Considérant propose, sous forme de blason médiéval, l’image d’un grand animal qui veillerait sur les vignes. Le blason reprend comme motif principal le lion des armoiries et porte sur son dos le passé de la batellerie ainsi que le beffroi surmonté d’un nuage en rappel aux Jardins Suspendus. Le trou sur la patte gauche de l’animal symbolise la blessure de Saint-Roch, dont la marche organisée chaque troisième dimanche de mai est une véritable institution. La grappe de raison fait naturellement référence aux vignes. Enfin, la couleur rouge évoque la couleur du vin et rappelle le costume des zouaves (unité d’infanterie de la célèbre marche) dont le Clos porte le nom.


DSCTHK (Thibaut Blondiau et Jérôme André), Thuinderdome – Quartier des Bateliers

Le duo d’artistes a recherché les traces des traditions batelières, de l’ancienne piscine à ciel ouvert « Thuin Plage », des joutes nautiques, de la ducasse… pour réaliser un nouveau monument à la batellerie : ce voilier se caractérise par le réemploi de matériaux, le recyclage de données et un mix de références liées aux discothèques et autres lieux d’hédonisme contemporain.


Christine Mawet, Back to the tools, 2015 – Ruelle des Tanneurs

Back to the tools trouve son origine dans un catalogue d’outils de jardinage des Mawet frères, la société de son grand-père, que Christine Mawet n’a jamais connu. Comme un retour aux sources, elle s’est inspirée des dessins techniques de cette collection et de leurs tracés rigoureux pour décliner ses motifs jusqu’à l’abstraction géométrique. Les sécateurs en acier, entrouverts, disposés en étoile, laissent éclore des ornements floraux et végétaux se propageant à l’infini sur un mur des Jardins Suspendus. L’installation peut apparaître comme un mécanisme absurde et inquiétant, outils de taille autour desquels la nature reprendra sans doute ses droits...











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