Archives 1er semestre 2017

Damien Hirst, Treasures from the Wreck of the Unbelievable

Fondation Pinault, Venise (Italie)

09.04 - 03.12.2017

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Communiqué de presse

 

Du dimanche 9 avril au dimanche 3 décembre 2017, Palazzo Grassi – Punta della Dogana – Pinault Collection présentent l’exposition Treasures from the Wreck of the Unbelievable.

Première exposition majeure consacrée à Damien Hirst en Italie depuis la retrospective de 2004 au Museo Archeologico Nazionale de Naples en 2004 (The Agony and Ecstasy), son commissariat est assuré par Elena Geuna, commissaire des monographies dédiées à Rudolf Stingel (2013) et Sigmar Polke (2016) à Palazzo Grassi.

C’est la première fois que la Collection Pinault confie à un seul artiste ses deux espaces vénitiens, Palazzo Grassi et Punta della Dogana, offrant ainsi une surface d’exposition de plus de 5 000 m².


















 


















































« Treasures from the Wreck of the Unbelievable » est le projet le plus ambitieux jamais produit par Damien Hirst. Dix ans de travail auront été nécessaires pour que l’artiste mène à bien ce projet artistique extraordinaire, au sens littéral du terme, narrant l’histoire du vaisseau antique Unbelievable’ (Apistos en grec koine), de son naufrage et de la découverte de sa précieuse cargaison, l’impressionnante collection de Aulus Calidius Amotan, un esclave affranchi plus connu sous le nom de Cif Amotan II, destinée a un temple dédié au soleil.


L’exposition vénitienne souligne la longue relation qui unit l’artiste et la Collection Pinault. Les oeuvres de Damien Hirst, artiste central de la collection, ont deja été exposées à deux reprises à Palazzo Grassi: en 2006 pour l’exposition inaugurale « Where Are We Going ? », dont le titre reprenait celui de son cabinet de squelettes en acier et en verre, Where Are We Going ? Where Do We Come From ? Is There a reason ? (2000-2004), et en 2007 pour « A Post-Pop selection ».

Avec Treasures from the Wreck of the Unbelievable, Pinault Collection permet à l’artiste de réaliser son rêve d’ouvrir son exposition à la fois à Palazzo Grassi et Punta della Dogana, permettant un dialogue entre les oeuvres présentées dans les deux espaces.

L’exposition 2017 s’inscrit dans une programmation de monographies que Palazzo Grassi consacre à des artistes contemporains majeurs – Urs Fischer (2012), Rudolf Stingel (2013), Martial Raysse (2015), Sigmar Polke (2016) – alternant avec des sélections thématiques d’oeuvres de la Collection Pinault.








 











Exposition du 9 avril au 3 décembre 2017. Palazzo Grassi et Punta della Dogana, Venise (Italie). Ouverture tous les jours sauf le mardi de 10h à 19h.











 





 



























 





 











Damien Hirst, Treasures from the Wreck of the Unbelievable, Fondation Pinault, Venise

© ArtCatalyse International / Marika Prévosto 2017. Tous droits réservés

 Extrait du texte de Elena Geuna, commissaire de l’exposition

En 2008, au large de la côte est de l’Afrique, ce trésor légendaire, reste enfoui au fond de l’océan Indien pendant près de deux mille ans, fut découvert et extrait des profondeurs de la mer. Grâce a un travail de fouilles maritimes complexe et minutieux, des sculptures et de nombreux objets, composés de matériaux très divers, ont refait surface. La mer a rendu ces trésors perdus, mais elle les a marques de son empreinte, tel le témoin silencieux d’un monde lointain. Ainsi les artefacts sont-ils sortis des eaux, habilles de nouvelles couleurs et de formes spectaculaires, marqués par des siècles de cohabitation avec les coraux, les algues, les éponges et les couches de dépôts marins.

Selon la légende, le corail proviendrait de gouttes de sang suintant du sac porte par Persée, contenant la tête de la Méduse, jusque dans la mer. Le corail se durcissant au contact de l’air, il est reste entrelacé aux trésors. Par la suite, des opérations de nettoyage ont été menées, laissant derrière elles ces vestiges du monde sous-marin. Des copies de certaines pièces originales ont été réalisées, d’autres ont été conservées dans l’état ou elles furent trouvées, afin d’étudier l’influence de la nature sur l’oeuvre de l’homme. Aujourd’hui, c’est à la Dogana da mar – Punta della Dogana, qui fend le Grand Canal de Venise telle la proue d’un bateau –que l’on peut admirer ces sublimes oeuvres incrustées de corail, dans les ailes du bâtiment longeant le bord de l’eau. Délivrées des sédiments marins, les sculptures ont retrouvé un second souffle et révèlent la richesse de leurs matériaux: malachite, jade, lapis-lazuli, cristal de roche, or, argent, marbres et granits en tous genres. Une sélection emblématique de ces pépites est exposée à Palazzo Grassi, dernier palais patricien construit sur le Grand Canal avant la chute de la Sérénissime, écrin ideal pour des biens d’une si grande valeur.

Pouvoir admirer aujourd’hui une partie de cet héritage à Venise, ville de la mer par excellence, à la croisée de l’Est et de l’Ouest, redonne vie a la légende des Treasures from the Wreck of the Unbelievable, en dévoilant le contenu de la collection d’Amotan. Car c’était réellement un musée dans lequel une main intelligente et prodigue avait réuni tous les trésors de la nature et de l’art. Anime d’une curiosité encyclopédique, obsédé par le désir d’accumuler, Amotan était un collectionneur unique, désireux d’embrasser et de posséder la terre entière, semble-t-il. Parmi ses objets, on trouve de nombreux styles d’art, une grande variété d’artefacts et de sculptures, reconnaissables pour certains à leur iconographie, des objets provenant d’un large éventail de cultures et de pays, de l’Egypte ancienne a l’Inde, en passant par l’Afrique de l’Ouest et la Grèce antique, jusqu’a la Rome impériale.


Liberté d’expression, éclectisme et singularité sont les caractéristiques puissantes de cette collection sans commune mesure, suspendue entre passé et présent, source d’éblouissement et de stupeur. La mythologie est évidemment un sujet d’une grande importance : les dieux et les héros sont les protagonistes de nombreuses oeuvres, mais le besoin humain d’expliquer la réalité par le biais de l’imaginaire outrepasse les siècles, les lieux et les cultures, de sorte qu’il ne nous reste qu’à accepter la réalité, car nous savons intuitivement que rien n’est réel. Le pouvoir de l’imagination parvient a briser toutes les frontières, dont celle du savoir : Tout ce qui est imaginable peut être rêvé mais le rêve le plus surprenant est un rébus qui dissimule un désir, ou une peur, son contraire. Amotan incarne a la perfection le désir de succès : il méprise le destin mais celui-ci finit par le terrasser. Il est une figure emblématique de la fragilité humaine, des fausses idoles, mais aussi de la mutabilité du destin qui grâce aux flux et aux reflux de l’histoire a redonné à ces trésors leur gloire originelle, après deux mille ans passés dans les abîmes de l’océan.




Le contexte de l’exposition

En 2008, le vaste site d’un naufrage a été découvert au large des côtes de l’Afrique de l’Est, accréditant la légende de Cif Amotan II, un esclave affranchi d’Antioche (au nord-ouest de la Turquie), qui vécut du milieu du premier siècle au début du deuxième siècle de l’Ere Commune.
Dans l’Empire romain, les esclaves affranchis pouvaient trouver de grandes possibilités d’enrichissement et d’ascension sociale en s’impliquant dans les affaires financières de leurs anciens maîtres et patrons. L’histoire d’Amotan (parfois nommé Aulus Calidius Amotan) raconte que l’esclave cupide accumula, en acquérant sa liberté, une immense fortune qui lui permit de construire une collection d’artefacts provenant des quatre coins de l’ancien monde. Les cent trésors légendaires de l’affranchi - commandes, copies, faux, achats et pillages - furent réunis à bord d’un navire colossal, l’Apistos (« incroyable » en koinè grecque), qui était destiné à un temple construit par le collectionneur. Mais le navire fit naufrage, reléguant son trésor au domaine du mythe et donnant naissance à une myriade d’interprétations de cette histoire faite d’ambition et d’avarice, de splendeur et d’hubris.
La collection resta immergée dans les profondeurs de l’océan Indien pendant environ deux mille ans avant que le site ne soit découvert en 2008, près des anciens ports commerciaux de l’Azanie (côte sud-est de l’Afrique). Près d’une décennie après le début des fouilles, cette exposition rassemble les œuvres retrouvées lors de cette extraordinaire découverte.
De nombreuses sculptures, largement incrustées de coraux et autres espèces marines, sont exposées avant restauration, au point de rendre leurs formes méconnaissables Des copies contemporaines des artefacts, réalisées pour l’exposition d’après les formes originales supposées des œuvres, sont également exposées.

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