Présentation d’Alain Renoy
À la fois vide et forme, la vacuité intérieure du creuset le rend apte et prêt à façonner d’autres formes, issues de lui seul mais qui, pour parvenir à l’existence, doivent s’en dépendre.
Si l’on veut que le creuset crée, il suffit de lui transfuser les matières, les éléments nécessaires. Divers, ils ne feront qu’un. Dé-
Durant trois siècles et demi, dans la vallée de Montauban, au bas des hauts-
Cet automne, le CACLB accueille trois artistes de Bruxelles. Déjà, l’automne dernier, ils ont pu, pour la première fois, prendre physiquement le pouls du lieu, apprécier son esprit. Au début de cet été, lors d’un plus long séjour, ils reviennent affiner leur approche.
Par leur vacuité intérieure, ils ont été, seront aptes et prêts à ressentir le présent paisible, protégé et protecteur, de Montauban, son histoire industrieuse, son très lointain passé sous-
Par l’entremise d’objets, d’images, le travail de Rokko Miyoshi interrogera les relations de pouvoir, rendra visible les conditionnements invisibles, en l’occurrence ceux supportés antan et en ce lieu par les humains, de par leur travail quotidien. D’autres objets, récoltés in situ par Julie Calbert, d’autres images, entre le minéral et l’organique, abstrairont Montauban de ses éléments présents, l’investiront d’une présence autre. L’eau et le vent, captés sur le vif et le site par Julie Krakowski, empliront de leurs modulations l’intérieur des containers, et ses fins verres filés feront écho aux baies vitrées qui les ouvrent vers le dehors, les arbres, la lumière.
Durant leur exposition, ces travaux artistiques parviendront à une existence propre en se déprenant de leur créateur. Chez chacun, une alchimie inventive est à l’oeuvre, dans un creuset très personnel au vide polymorphe.
Un creuset qui, à l’image du site de Montauban, est toujours ouvert.
Julie Calbert, par Myriam Pruvot
Julie Calbert applique à ses images un procédé analogue à l’érosion des montagnes. Celles-
Prélèvement, extraction et séquençage sont autant de gestes scientifiques intégrés par l’artiste qui lui permette,t une translation du paysage. Ainsi, reliefs, crêtes et fossés réaparaissent sur la surface plane de papiers sensibles et des données d’origine ne subsistent que quelques fragments. Comme ces coordonnées géographiques des anciennes forges de Montauban qui sont retranscrites et manipulées virtuellement pour constituer de nouvelles topographies et sont ensuite isolées sur papier radiographique.
À ces images, dont la noirceur fait écho au charbon et au métal anciennement présents sur le site, Julie Colbert associe des sculptures, artefacts et objets glanés. Cette installation, inspirée du contexte historique et géologique du lieu, évoque sa mémoire et ses horizons, entre matérialité sensible et réalité virtuelle.
En explorant, à son échelle et depuis son médium, le mouvement du temps sur les choses qui nous entourent, Julie Calbert nous propose une forme poétique de la ruine.
Ruines qui sont nommées par la philosophe belge Isabelle Stengers comme les « décombres technologiquement sophistiqués de nos rêves. »
Julie Krakowski
L’artiste pluridisciplinaire Julie Krakowski vit à Bruxelles depuis 2003. Elle place la matière au coeur de son processus de recherche. La multiciplité des gestes engagés et la mise à l’épreuve des matériaux sont la base d’un langage à la fois complexe et intuitif. Pour déployer sa démarche, elle travaille à partir de matériaux souples, qu’elle hybride avec d’autres médiums. Actuellement, son travail associe des supports textiles au filage de verre et au son. Elle développe également des recherches vidéo.
Au premier abord, la signification de ses productions ne se laisse pas aisément saisir. Ses pièces suggèrent l’ambivalence. Une tension s’opère dans le rapport entre désir et répulsion, ce qui fascine et ce qui inquiète. Julie convoque le dialogue entre une pluralité de notions : le passage du temps, notre rapport intime à la sensation et au souvenir, ou encore à la corporéité. À travers un processus sculptural fluide, elle explore les zones interstitielles entre le dur et le mou, le contour et la forme, les gestes et les habitudes.
Rokko Miyoshi
Son travail se concentre sur les structures de pouvoir et les systèmes qui façonnent nos perceptions illusoires de la réalité. En se basant sur des protocoles conceptuels et écologiques, ses installations rassemblent divers objets, documents et images trouvés, pour s’appuyer sur les transmissions socio-
Depuis cinq ans, son travail est guidé par la construction de structures plus durables, comme l’organisation à but non lucratif SB34, basée à Bruxelles, qu’il a codondée et qui fournit des espaces de travail aux artistes, afin d’améliorer leurs moyens de production, de visibilité et de durabilité à long terme.
Exposition du 09 septembre au 22 octobre 2023. Site de Montauban-
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Archives 2ème semestre 2023