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07.09.2012 -
Communiqué de presse
« Au début de notre collaboration, et avec Cabaret Voltaire en tant que berceau de Dada en Suisse comme point de référence, Claude Lévêque a développé l’idée d’une promenade romantique. Cette idée a été inspirée par la vision de l’artiste de la Suisse comme un territoire romantique, notion encore exacerbée par son voyage de recherche dans le pays en décembre 2011 où, en descendant du train, il est entré dans le marché de Noël de la gare principale de Zurich et a été confronté à un immense sapin de Noël Swaroski. Cet arbre a offert un espace de projection monumental à sa conception romantique et kitsch de la Suisse. Claude Lévêque a admis que, bien qu’il n’ait jamais été été un grand amateur de sapins de Noël, cet arbre de 15 mètres de haut décoré avec des étoiles et des boules de cristal était extraordinaire.
Claude Lévêque a passé quelques jours à Zurich et ses environs avec son appareil photo, poursuivant sa vision avec la curiosité à la fois d’un détective et d’un enfant, capturant de nombreuses impressions, des moments et des détails que nous -
Loin des lieux classiques dédiés à l’art ainsi que dans le centre historique de Zurich, nous avons parcouru des kilomètres, dans des usines de sciage, dans les petits villages à côté de Zurich et même dans des forêts. La recherche de Lévêque et sa curiosité nous ont conduit dans des lieux très simples, élémentaires, et pour lui, aussi, des lieux fascinants. Vus à travers ses yeux, nous avons découvert des poches de temps et des lieux anachroniques, qui apparemment ne peuvent survivre que dans des endroits comme la Suisse. Des objets inattendus installés par les résidents de manière méticuleuse, affective et plutôt attirante, ont particulièrement attisé la curiosité de l’artiste, comme des bouchons en métal brossé, des chaises de bois massif ou un barbecue en fonte équipé d’une poulie ingénieuse. Et il n’a jamais cessé de porter son attention aux arbres, aux branches et à l’organisation de la forêt.
A la fin de cette marche de trois jours, qui grâce à l’artiste peut aussi être appelée une promenade romantique, Claude Lévêque a présenté le projet Weisswald (Forêt blanche) pour la crypte du Cabaret Voltaire : la vision erratique d’une promenade romantique alliant dans un ensemble l’esprit et son contraire du lieu de naissance de Dada en Suisse. Claude Lévêque est le premier artiste contemporain invité par le Cabaret Voltaire qui ne s’occupe pas d’un thème dada ou d’un artiste du mouvement, mais se consacre explicitement à la structure en tant que lieu de naissance sécurisé et protégé de Dada.
Au cours de notre collaboration avec Claude Lévêque, nous avons remarqué que sa méthode de travail crée des installations qui, dans une certaine mesure, ressemblent à des poèmes. Il travaille surtout avec des objets de la ville et de l’industrie, des infrastructures de ce type et des ready-
Il prélève des éléments de notre environnement familier, se les approprie et les défamiliarise afin de confronter le spectateur à des « vérités nues ». L’utilisation diffuse de la lumière et du son dans ses installations modifie le thème de la nature, habituellement un sujet assez fort, en un troublant tableau qui conduit le visiteur à osciller entre différents concepts : liberté/emprisonnement, confort/danger, magie/banalité, séduction/dégoût.
L’un des référents les plus importants de Claude Lévêque est Michel Foucault, qui a non seulement nourri son inspiration, mais aussi permis de développer son travail. Il n’est pas nécessaire cependant d’avoir lu Foucault pour expérimenter la « topoi » que l’on retrouve dans toutes les œuvres de l’artiste, et ressentir à titre personnel la signification des notions d’entropie et d’hétérotopie. Dans les œuvres de Claude Lévêque, les concepts intellectuels de Foucault deviennent des expériences physiques.
Le Grand Soir (Pavillon Français, Biennale de Venise 2009) et Basse Tension (exposition personnelle de Claude Lévêque à la galerie Kamel Mennour en automne 2001) traitent de la notion d’entropie. « Entropie » est tirée de la thermodynamique où il décrit le processus qui se déroule dans des systèmes isolés, d’où résulte toujours le chaos maximal dans lequel notre monde ordonné disparaît. Weisswald et Sea Diamond (CRAC de Sète, 2010) fonctionnent comme des hétérotopies, reliant les différents espaces d’un même lieu physique, ce qui crée l’existence simultanée d’utopies et de lieux réels. Weisswald (Forêt blanche) transforme la crypte de Cabaret Voltaire en un lieu imaginaire, une grotte, un bateau, une cave, un palais… comme il arrive lorsque les enfants se construisent une cabane. Avec les yeux de Lévêque et les idées de Foucault, la Suisse peut être considérée tel un refuge où le temps et la réalité du monde extérieur sont annulés, comme c’est le cas lors d’une pause café ou dans l’œil du cyclone.
Weisswald offre aux visiteurs de Cabaret Voltaire une rêverie exaltée, décadente, qui éveille notre esprit d’aventure et attise notre résistance envers l’œuvre kitsch de la vie quotidienne où tout est contrôlé et enjolivé.
Exposition du 8 septembre 2012 au 6 janvier 2013. Van Abbemuseum, Bilderdijklaan 10 -
Mouhamadou Diakhite, résidence Claude Lévêque, école élémentaire Pierre Budin, quartier de la goutte d’Or © ADAGP Claude Lévêque 2012