Julien Bismuth, Hiaitsiihi

Fondation Nomas, Rome (Italie)

24.10.2019 - 28.02.2020

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Communiqué de presse

 

La Fondation Nomas présente Hiaitsiihi, une exposition personnelle de Julien Bismuth. L'artiste a accompagné l'anthropologue Marco Antonio Gonçalves lors de ses deux séjours chez les Hiaitsiihi en 2016 et 2017 sur leur territoire aux abords de la rivière Maici, dans la forêt amazonienne au Brésil. Nommé Pirahã par leurs voisins, ce groupe semi-nomade s’appelle le Hiaitsiihi, ce qui signifie un corps (ibiisi) vivant dans un cosmos en strates. Cueilleurs et chasseurs qui continuent à pêcher et à chasser avec des arcs et des flèches, les Pirahã vivent en symbiose avec la forêt amazonienne depuis des siècles. Ils vivent presque toute l'année sans abri contre les éléments et ne comptent que sur les objets matériels les plus essentiels pour leur subsistance. Ce que nous appellerions leur culture consiste principalement en des chansons et des histoires qu’ils racontent dans leur langage tonal singulier, qui peut être sifflé, parlé ou fredonné. Leur cosmologie complexe s’incarne dans les histoires, les chants et les rituels qui ponctuent et accompagnent leurs activités quotidiennes. Ils n'ont pas de structures politiques, pas d'inégalités économiques ou sociales, ni obligations autres que celles de survie.











































 


















































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Réalisées principalement dans les domaines de la photographie et de la vidéo, les interventions de Bismuth se caractérisent par une grande économie de moyens. Le film est présenté sans narration ni explication, avec une édition minimale. Des extraits d'entretiens avec Marco Antonio Gonçalves sont présentés séparément, ainsi que des photographies et des textes de l'artiste. Les entretiens et les textes abordent les questions éthiques, politiques et culturelles soulevées par leurs rencontres avec les Pirahã, en s'efforçant de les aborder dans toute leur complexité. Comment communiquer malgré un clivage culturel pour la maintenir et la sauvegarder? Comment les Pirahã ont-ils pu préserver leur mode de vie face aux attaques croissantes d'attaques sur les terres autochtones et la forêt amazonienne? Que pouvons-nous apprendre d'eux et comment pouvons-nous agir pour défendre leur culture et leur mode de vie, ainsi que l'environnement sur lequel ils comptent pour leur survie?


Ces questions sont devenues plus urgentes et vitales ces derniers mois, à la lumière de la politique désastreuse du gouvernement Bolsonaro. Comme l'a montré la récente vague d'incendies, les conséquences de la déforestation ne constituent pas seulement une menace pour la survie des Pirahã et des autres groupes autochtones; nous sommes tous également menacés par la destruction de la forêt amazonienne. La déforestation frénétique se rapprochant progressivement d’un point de non-retour, les niveaux de dioxyde de carbone atteignant rapidement des niveaux insoutenables, des sécheresses de plus en plus sévères et la perte de biodiversité ne sont que quelques-uns des effets de la gouvernance de Bolsonaro. A contrario, le mode de vie des Pirahã révèle un autre mode d’existence à travers une interaction avec l’écosystème complexe et unique de la forêt amazonienne, fondé sur la jouissance et la préservation de ses ressources, plutôt que sur leur consommation et leur épuisement.


Comment alors défendre les droits des Hiaitsiihi à leur altérité matérielle et immatérielle? Des formes de gouvernance contre-hégémoniques, comme celles du Pirahã, sont nécessaires pour garantir aux peuples autochtones les droits sur leur culture, leur terre et leur mode de vie. Ils apparaissent également comme une alternative de plus en plus vitale à nos formes de gouvernance. Comme dans la Lettre VII de Platon, il faut passer à une politique de défense de la vie plutôt qu’à une politique dirigée par les exigences insatiables du profit. En tant que tels, les Pirahã et leur mode de vie sont tout sauf une relique d'un passé dit "primitif". Ils constituent plutôt un exemple éclairant pour le présent et l’avenir de notre monde.


Julien Bismuth (né en 1973 à Paris, France) vit et travaille à New York. Pratiquant le collage, l'installation et la performance, l’artiste propose un large éventail d'interrogations critiques et culturelles. Sa pratique mêle souvent langage et image pour remettre en question les deux, questionnant la manière dont nos représentations du monde façonnent et informent nos décisions et nos interactions.


L’exposition Hiaitsiihi est organisée par Raffaella Frascarelli, en collaboration avec l'unité de recherche en esthétique du social, département des sciences sociales et économiques de l’Université Sapienza à Rome.

















Julien Bismuth, Hiaitsiihi (production still). Courtesy of the artist and Galerie Emanuel Layr, Vienna-Rome.

Julien Bismuth, Hiaitsiihi (production still). Courtesy of the artist and Galerie Emanuel Layr, Vienna-Rome.

Exposition du 24 octobre 2019 au 28 février 2020. Nomas Foundation  Viale Somalia, 33  - 00199 Rome  (Italie). T +39 06 8639 8381. Ouverture du mardi au vendredi de 14h30 à 19h.














 







 











 





 



























 





 











Julien Bismuth, Hiaitsiihi, Fondation Nomas, Rome

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