Anne et Patrick Poirier, Romamor

Villa Médicis - Académie de France à Rome (Italie)

01.03 - 05.05.2019

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Communiqué de presse

 

L’Académie de France à Rome – Villa Médicis accueille du 1er mars au 5 mai 2019, la première exposition personnelle d’Anne et Patrick Poirier en Italie, ROMAMOR, sous le commissariat de Chiara Parisi.


Anne et Patrick Poirier forment l’un des couples français les plus célèbres de la scène artistique internationale dont la symbiose créative s’est cristallisée à la Villa Médicis il y a plus de 50 ans. L’épreuve du temps, les traces et les cicatrices de son passage, la fragilité de toute construction humaine et la forte influence des ruines, antiques ou récentes, nourrissent leur création. Celle-ci prend la forme d’une archéologie habitée par le jeu et par une mélancolie imaginative. Anne et Patrick Poirier appartiennent à ces premières générations d’artistes qui, en voyageant et en s’ouvrant au monde à partir des années 1970, développent une fascination pour les villes et les cités antiques, et plus particulièrement pour les contextes de leur disparition. Dans la lignée de cette sensibilité, cités mystérieuses, reconstitutions archéologiques imaginaires, fascination pour les ruines, questionnement du jardin, association entre œuvres désormais historiques et productions in situ, sont les sources qui alimentent l’exposition ROMAMOR à la Villa Médicis.









































 


















































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Exposition du 1er mars au 5 mai 2019. Académie de France à Rome – Villa Médicis, viale Trinità dei Monti, 1 - 00187 Rome (Italie) . Tél.: +39 06 67611. Ouverture du mardi au dimanche de 12h à 19h.











 







 











 





 



























 





 











Anne et Patrick Poirier, Romamor, Villa Médicis - Académie de France à Rome

© ArtCatalyse International / Marika Prévosto 2019. Tous droits réservés

Anne est née en 1941 à Marseille ; Patrick, en 1942, à Nantes. Leur œuvre se distingue par la singularité d’être empreinte de la violence de l’époque qu’ils ont traversée, eux qui, dès leur plus tendre enfance, ont été confrontés à la guerre et ses paysages de dévastation. Anne assiste aux bombardements du port de Marseille quand Patrick perd, en 1943, son père dans la destruction du centre-ville de Nantes. Lauréats du Grand Prix de Rome en 1967, après être passés par l’École des Arts Décoratifs de Paris, Anne et Patrick Poirier séjournent à la Villa Médicis de 1968 à 1972 – invités par Balthus. C’est là qu’ils décident de mener conjointement leur aventure artistique en entamant un travail de collaboration qui les conduit à cosigner leurs œuvres. Leur première grande réalisation commune, en 1969, est une maquette en terre cuite de Ostia Antica, née du souvenir de leurs pérégrinations dans l’ancien port de Rome, élue par les artistes "champ de fouilles par excellence". Dès cette époque, leurs efforts pour retrouver les traces d’une histoire passée les sensibilisent souvent à l’expérience du manque, à la destruction des architectures, des signes et de l’héritage des civilisations.


"Nous passons ainsi périodiquement de l’ombre à la lumière, du noir au blanc, de l’ordre au chaos, de la ruine à l’utopie, du passé au futur, de l’introspection à la projection. Notre double identité d’architecte-archéologue nous permet cette errance entre ces univers éloignés en apparence, dont il nous faut trouver les liens secrets", disent les artistes.

Anne et Patrick Poirier, Romamor, 2019

Anne et Patrick Poirier, Romamor, 2019

Parcours de l’exposition à la Villa Médicis


À la Villa Médicis, l’exposition s’ouvre avec La Palissade/Scavi in corso (2019) qui guide le visiteur vers la Citerne, témoin d’une vision de ruines : Finis Terrae (2019), éclairée par le néon Un monde qui se fait sauter lui-même ne permet plus qu’on lui fasse le portrait (2001).

Le visiteur entre ensuite dans la première salle pour découvrir une sculpture lumineuse, Le monde à l’envers (2019), construite à partir d’un globe terrestre et de constellations, qui s’achève avec un autoportrait des artistes sous forme de Janus, dieu des débuts et des fins. Une oeuvre ambivalente, manifeste de l’exposition, qui se lit en contrepoint de la tapisserie Palmyre (2018), qui porte sur la destruction du site syrien par Daech en 2015. Au coeur de la salle suivante, L’Incendie de la grande bibliothèque (1976), est une oeuvre mythique des artistes, en charbon et fusain, métaphore architecturale de la mémoire, du cerveau humain et de son fonctionnement. Entre catastrophe et utopie, entre histoire et mythe fondateur, elle met le visiteur en présence de ce sentiment de fragilité qui traverse souvent les oeuvres de Anne et Patrick Poirier. Ouranopolis (1995) – « la ville du ciel » – se laisse découvrir dans la salle suivante.

Anne et Patrick parlent de leur amour pour les bibliothèques, ici bâtiment elliptique que l’on imagine capable de s’envoler vers d’autres mondes avec sa moisson de mémoire, au moindre signe de catastrophe. Cet espace onirique se déploie dans le grand escalier des anciennes écuries où le visiteur est précipité dans une « irréalité troublante ». Un espace lumineux, Le songe de Jacob (2019), constitué de noms de constellations, échelles phosphorescentes, formes serpentines suspendues, plumes blanches déposées sur l’escalier, accompagne le visiteur jusqu’à l’espace successif, d’une blancheur immaculée pour Rétrovisions, (2018). Autoportrait du couple qui se reflète dans un miroir, entouré d’une utopie décrite en mots-néons éblouissants. Puis Surprise Party (1996), une mappemonde dégonflée et délavée sur un antique tourne-disque aux grésillements stridents, lui-même juché sur une valise - autre élément clé du vocabulaire des Poirier, évoque une géographie nomade, « un monde qui ne tourne pas rond, une terre qui grince ». De vertige en vestige, le visiteur se retrouve face à Dépôt de mémoire et d’oubli, (1989) : une croix constituée d’empreintes en papier de masques de dieux antiques.  Au travers de Lost Archetypes (1979), le regard se trouve face à la reconstruction à échelle humaine des grands ouvrages architecturaux : une série de quatre maquettes blanches de lieux de ruines. Entre passé, présent et futur, effondrement, construction et élévation, Anne et Patrick Poirier font vaciller les repères historiques du public romain.




L’exposition se déploie également dans les jardins de la Villa Médicis. Sur le piazzale, les artistes ont dessiné avec des pierres de marbre de Carrare Le Labyrinthe du Cerveau (2019), avec ses deux hémisphères. Anne et Patrick Poirier aiment à dire : « L’image du cerveau, avec ses deux hémisphères pourrait bien nous représenter : représenter à la fois l’unité et la diversité de notre symbiose ».  La monumentale chaise en granit Siège Mesopotamia (2012-15) trône dans le jardin de toute sa force. Dans la fontaine de l’Obélisque, le visiteur découvre Le Regard des Statues (2019), regards anonymes en plâtre déformés par l’eau dans laquelle ils sont immergés. Dans l’Atelier Balthus est présentée une de leurs pièces mythiques, réalisée à la Villa Médicis en 1971 : stèles de papier construites à partir de moulages des Hermès, les étranges figures de marbre rencontrées par les artistes dans les allées de la Villa Médicis, accompagnées de livres-herbiers - « carnets annotés de réflexions personnelles et de dessins » - et de médaillons en porcelaine où sont transposées ces images funéraires. Le mot clé de l’exposition, ROMAMOR (2019), apparaît sous une forme lumineuse rouge, sous le portique de l’Atelier Balthus, en hommage à cette ville si importante pour les deux artistes, aussi bien d’un point de vue artistique qu’humain.

Anne and Patrick Poirier, Le Labyrinthe du cerveau (The Labyrinth of the Brain), 2019. Courtesy Anne and Patrick Poirier. Photo: Daniele Molajoli.

Anne et Patrick Poirier, Siège Mesopotomia, 2012-2015. Granit noir gravé à la feuille d’or. © Anne et Patrick Poirier. Courtesy Galerie Mitterrand. Photo : JC Lett

Anne et Patrick Poirier, Siège Mesopotomia, 2012-2015. Granit noir gravé à la feuille d’or. © Anne et Patrick Poirier. Courtesy Galerie Mitterrand. Photo : JC Lett


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